Dans le monde non-académique il y a la présomption que le thème de l'émotion dans les arts est tout en haut de l'agenda de leur recherche. Par contre, ils sont souvent supris qu'il n'y pas beaucoup d'écrits sur l'émotion dans ce domaine, et que la place que donnent les disciplines académiques à l'émotion en général est relativement récente: ce n'est que pendant quelques décennies que les spécialistes ont veritablement commencé à s'interesser au sujet, auparavant jugé trop "subjectif" comme état d'esprit. Certains auteurs parlent même d'une "tournure affective" de nos jours.
Le cinéma offre des experiences complexes et variées: la plupart des personnes sont d'accord que les émotions y sont centrales et que c'est un endroit pour ressentir quelque chose. Mais le film ne fait pas ressentir quelque chose. Un film offre une invitation à ressentir. La rejeter ou non est le choix de l'individu: un spectateur "éduqué" peut reconnaître les signaux émotionnels et ressentir l'émotion voulue, ou choisir de ne pas du tout ressentir les émotions tout en reconaissant cette invitation.
Nous allons essayer de definir l'art et son rôle en tant que communicateur des émotions, et ensuite ensuite, examiner les différentes façons que les films signalent l'émotion. Enfin nous verrons un exemple concret d'un film adapté d'un roman et plus précisément, analyser comment les notions évoquées renforcent l'idée des émotions dans la scène.
Art comme communication
"Je ferme les yeux pour voir." - Paul Gauguin
Comment définir l'art? L'art permet à un artiste de partager une émotion ou un groupe d'émotions avec son spectateur. L'oeuvre artistique, telle qu'une peinture, un poème, une oeuvre musicale, un film, est le moyen qui va servir à communiquer cette émotion de l'émmeteur au recepteur. Le recepteur va, de sa part, ressentir une émotion qui peut être diverse de celle de l'artiste. On peut dire que l'art, dans n'importe quelle forme qu'elle se manifeste, produit une langue de laquelle va être produite une réaction d'émotions de ses spectateurs.
Paul Gauguin, peintre qui s'éloignait du Réalisme et même de l'Impressionisme pour atteindre le mouvement symboliste, s'intéressait plus à l'effet que menaient ses oeuvres sur les spectateur qu'à l'exactitude de sa representation. La création de l'art, quand maîtrisée, est une collection de symboles qui se font transférir au spectateur, qui, par laquelle, va être interprétée par l'émotion propre au spectateur. L'art ne doit pas nécessairement exprimer une émotion mais à travers des symboles, souvent prédéfinies dans les différentes sociétés, l'éveiller dans le spectateur.
L'oeuvre d'art agit comme la source de stimulants par laquelle la communication des émotions sont transféries de l'artiste aux spectateur.
Composants cruciaux à l'émotion dans le cinema: les techniques secondaires
"En mettant la bonne musique on peut même faire pleurer quand quelqu'un se brosse les dents." - Loïc Bisson
Les facteurs qui composent une scène sont intensifiés par les techniques secondaires. La musique, le cadrage, l'acteur et la lumière sont utilisés de façons spécifiques pour un rendement de la scène qui aide au specateur de trouver les symboles qu'il va interpréter à sa manière par l'émotion éprouvée.
La musique
La motion et l'émotion sont souvent entremêlés. La musique rapide et forte excite, la musique douce et lente calme. La musique peut annoncer un message (cors, percussion) ou acccompagner une lamentation (hautbois). Des pauses dans la musique peuvent illustrer la solitude d'un personnage.
Le cadrage de caméra Un effet d'intime s'obtient avec un close-up (exemple 1, les doux mots dans Atonement); un angle oblique pour transmettre la confusion, le vertige ou la colère (exemple 2, le général dans Slaughterhouse 5); un angle bas peut rendre quelque chose grand ou imposant (exemple 3, la journaliste dans Elle s'appelait Sarah).
L'acteur
L'acteur simule les pensées et les émotions de son personnage à travers des moyens externes, comme l'intonation vocale, la posture et l'expression faciale.
Couleur et lumière
La lumière de scene est capable de changer la perspective du spectateur. Il existent deux opposés: lumière forte, caractéristique de la comédie ou des airs allègres, et lumière basse, avec beaucoup de contraste, suggerant le sinistère.
Scène, Abattoir 5: L'arrivée à Dresde
L'extrait que j'ai analysé provient du roman Abattoir 5 (Slaughterhouse-Five) de Kurt Vonnegut, auteur américain notable pour ses recits satiriques sur la condition postmoderne du XXe siècle. Ses souvenirs comme jeune soldat témoin du bombardement de Dresde en 1945 l'ont inspiré à écrire ce compte-rendu comme une manifestation contre la guerre. L'adaptation du roman sur écran a été faite par George Roy Hill et a été l'un des rares cas d'adaptation dans lequel elle a plu à l'auteur. Néanmoins, différence il y a et l'analyse permettra une meilleure compréhension de comment la transposition des symboles utiles à notre émotion a été faite ici.
La scène de l'arrivée dans la ville se passe après la Bataille des Ardennes, quand Billy Pilgrim et ses camerades ont été capturés et sont placés dans un abattoir abandonné à Dresde.
La scène de l'arrivée se trouve au sixième chapitre sur les neuf du roman, tandis que le film choisit de nous la montrer relativement tôt, dans les trente premieres minutes des deux heures du film. Le roman entier est un courant de conscience, difficile de reprendre et d'éxposer de manière visuelle comme est obligé de le faire un registe. Malgré tout il réussit à imiter la façon sporadique de sauter d'un présent à un autre, d'un rêve à une réalité d'une dimension parallèle à la notre, etc.
Musique: Dans le film l'un des thèmes réccurents est la musique de J.S. Bach et semble un narrateur qui accompagne l'histoire. Le concerto pour clavecin en ré majeur, interpreté par Glenn Gould, joue au début de scène de l'arrivée et se transforme dans le Presto du concerto brandenbourgeois en sol majeur dès qu'ils entrent dans la ville. La magnitude du concerto en ré sert à renforcer l'effet de l'ironie, présente pendant tout le long du roman: elle amplifie ce personnage banal et un peu idiot qui agit sur le canevas sérieux qu'est la guerre ("Billy Pilgrim was the star. He led the parade."), tandis que l'éffervéscence du concerto en sol aide a montrer la ville dans toute sa splendeur.
Cadrage de caméra: L'espace photographique met en valeur le dynamise des personnages et la vivacité de la scène, comme l'atmosphère le veut dans le roman. Aucun espace est vide et rappelle la consigne célèbre que conseillent tous les professeurs à tous les artistes performants: il est important d'utiliser toute la scène et de ne pas se concentrer dans un seul espace. L'angle bas montre la grandeur des bâtiments et les focalisations sur les détails donnent l'impression de plisser ses yeux pour mieux voir les détails. Cela n'est pas aussi palpable dans l'extrait du roman.
Mes impressions dans le roman étaient plus cyniques que quand j'ai vu le film. La majestuosité de la ville est illustrée de façon rigoureuse et palpable, tandis que le ne montre pas cette Le livre utilise un principal thème récurrent qui ne peut pas se traduire sur l'écran: l'utilisation de la phrase "C'est ainsi qu'il en est" après chaque référence à propos de la mort.
L'arrivée à Dresde (du film en Italien)
Il peut donc être dit que l'art en tant que communicateur parle une langue qui va, chez son spectateur, éveiller la sensibilité qu'il interpretera par l'émotion. Le cinéma utilise des techniques secondaires au scripte qui vont agir comme signaux à l'émotion pour celui qui regarde, telle que l'expression faciale et l'intonation de l'acteur et les différents angles de caméra. Enfin, avec un film adapté d'un roman, on peut voir que l'approche est tout à fait différente, mais peut donner le bon effet si le registre réussit à saisir le sens qu'a impliqué l'auteur dans l'histoire.
Nathalie Agostini, mai 2011